Servir de l'alcool a une femme

Chalom Ouvrakha !

Vous posez une excellente question. Le Choul’han Aroukh (Even Haézer chap. 21 § 5) a tranche qu’il est interdit de se faire server par une femme étrangère du vin (Méziguat Hakoss).

Les décisionnaires stipulent que cet interdit est réciproque, c’est-à-dire qu’il est tout aussi interdit à un homme de servir un verre de vin à une femme étrangère (Apé Zouta § 15). 
En pratique il faut savoir que le Rama rapporte plusieurs circonstances dans lesquelles il est possible de se montrer plus indulgent. Il écrit notamment que lorsque l’on sert à l’autre en public, il n’y a pas d’interdit. Il écrit aussi que lorsqu’on sert non pas de façon affectueuse mais au contraire comme étant une charge qui repose sur nous, ou si on le fait Léchém Chamaïm c’est autorisé.

C’est dans cet état d’esprit que le Aroukh Hachoul’han a tranché (§ 7 et 9) qu’une maitresse de maison a le droit de servir des verres aux invités, faire les lits etc. En effet, elle le fait pour accomplir la Mitsva de Hakhnassat Or’him comme il se doit et pas pour se rapprocher de l’homme pour lequel elle le fait.

On raconte qu’un jour un très grand Rav a accueilli des invités et il leur a lui-même fait le lit alors qu’il avait des serviteurs qui pouvaient s’en occuper. Lorsqu’on lui a dit « Kvod Harav, pourquoi vous fatiguez vous, on peut le faire à votre place ! », celui-ci a répondu « pourquoi ? Vous voulez aussi mettre mes Téfilin à ma place ? ».

En pratique ce que je conseille est d’essayer d’éviter qu’un homme serve à une femme autre que la sienne (et même la sienne si elle est Nidda auquel cas c’est rigoureusement interdit cf. Choul’han Aroukh Yoré Déa chap. 195), et ce n’est que si elle risque de se vexer etc. et que l’homme qui sert est lui-même responsable de servir les boissons etc. auquel cas on comprend bien qu’il ne le fait pas spécialement pour elle, qu’on pourra en cas de nécessité l’autoriser.