Chalom rav
Un enfant de 4/6 ans peut il faire un puzzle chabat ??
Chalom Ouvrakha !
Vous posez une excellente question qui m’a souvent été posée et je voulais saisir cette occasion pour y répondre de façon précise.
Avant tout définissons le problème.
Il est évident que les jeux ne sont pas Mouktsé pour un enfant dès lors qu’ils sont d’une utilité première pour eux.
Le problème de construire ne se pose pas puisque les pièces s’accolent et se détachent en toute facilité.
Le problème est donc celui qui consiste à écrire ou dessiner « Kotév » en hébreu.
Le Chabbat il est interdit d’écrire.
La question qui se pose dès à présent est la suivante : Peut-on considérer que lorsque l’on accole plusieurs pièces d’un puzzle dont l’image est déjà existante mais morcelée, et qu’on les place de façon à ce que ces semblants de dessins permettent d’obtenir une véritable image, ceci procède de l’écriture ?
En d’autres termes, si une feuille sur laquelle est inscrit un texte se déchire en deux. Aurais-je le droit pendant Chabbat de les rapprocher de sorte à pouvoir lire ce texte ou vais-je considérer que ce faisant c’est comme si j’écrivais quelque chose ?
Cette question concerne des milliers de cas le Chabbat, gâteaux d’anniversaire, ouverture du rideau de l’arche à la synagogue lorsque chaque moitié de rideau contient une partie de texte etc. etc.
Nos Maîtres sont partagés à ce sujet (Cf. décisionnaires sur le Choul'han Aroukh Ora'h 'Haïm chap. 340). Certains autorisent pour plusieurs raisons dont en toute évidence le fait que rapprocher ne peut pas être considéré comme écrire, tandis que d’autres Maîtres se montrent plus rigoureux.
Si les lettres sont elles-mêmes écrites et séparées l’une de l’autre et que l’on vient simplement les rapprocher c’est déjà beaucoup plus simple que s'il s'agit de fragments de lettres que l'on vient rapprocher.
Le Magen Avraham interdit de prendre des lettres entières et de les accoler pendant Chabbat au rideau de l’arche contenant la Torah.
Les décisionnaires se sont interrogés sur cette interdiction alors que les lettres sont entières et qu’on ne fait que les rapprocher l’une de l’autre.
Certains défendent (Rav Chlomo Zalman Oyerbakh zatsal) le fait que toute l’autorisation ne concerne que le cas où les lettres ont déjà un support comme par exemple une lettre écrite sur une feuille, ou autre, mais dans notre cas puisque les lettres elles-mêmes n’ont pas de support et que l’on vient les mettre sur un support ceci est interdit.
Selon cela le puzzle ne pose aucun problème puisque les lettres et les dessins sont déjà écrits sur un support.
D’autres (Rav ‘Haïm Naé zatsal) défendent que ce qui est autorisé est de coller des lettres l’une à l’autre de façon assez provisoire, par contre les attacher fortement au rideau c’est considéré un peu comme écrire. Selon cela, le puzzle ne posera aucun problème si les pièces ne s’attachent pas très fortement l’une à l’autre et qu’il n’y a pas de cadre les retenant fortement.
C’est pourquoi s’il s’agit de puzzle sans cadre et ne s’attachant pas fortement ce sera autorisé de permettre aux enfants de le faire selon la majorité des décisionnaires.
Dans le cas des scrabbles s’il s’agit du genre de jeu où les pièces s’attachent fortement l’une à l’autre, ce serait donc interdit Chabbat selon certains. Mais selon les décisionnaires défendant qu'il n'y pas de problème d'accoler des lettres l'uen à l'autre ce sera autorisé. C'est dans ce sens qu'a été le Or'hot Chabbat.
Aux adultes on conseillera d’éviter (bien qu'ils auront sur qui se reposer s'ils le font comme précisé plus haut) s’il s’agit de pièces constituant des demies lettres et des demis dessins (comme c’est le cas dans la plupart des puzzles) parce que selon certains il est interdit de rapprocher des demies lettres et ce n’est que des lettres entières qu’il est permis de rapprocher.
Attention, à ne pas trier les pièces à la fin du jeu à cause du problème de Borer.
Kol touv !