Perles recueillies en survolant les Sédarims de Tazria et Métsora.
Les animaux d'abord
Dans les Sédarims de Tazria et Métsora sont décrits différents types d'impuretés et de purifications qui concernent les humains (parturiente, ''lépreux", etc.) Comme le remarque le Talmud cité par Rachi, tout comme au moment de la Création l'animal précéda l'homme (à la fois pour le rappeler à l'humilité s'il venait à s'enorgueillir mais aussi pour lui rappeler sa haute valeur, étant la finalité même de la Création), l'enseignement des lois d'impuretés de l'animal précède ici les lois d'impuretés humaines.
Rabbi Yérouham de Mir s'interroge sur la pertinence d'un tel propos : même si le constat est juste, quel véritable rapport y a-t- il entre les deux faits ? En réalité, affirme-t-il, nous avons ici la confirmation que la Tora et Israel ne "forment" qu'une entité. La Tora ayant servi de modèle à la Création, l'homme est dans sa constitution même (y compris anatomique) une parfaite projection de la Tora : 248 membres qui correspondent aux 248 devoirs positifs etc. Il est donc tout à fait normal que l'ordre des lois de la Tora ait un rapport direct avec l'ordre de la Création.
Encore "homme"
"Un homme, lorsque sa chair sera atteinte de Séete ou Sapah'ate etc. alors sera dans sa chair une plaie de type Tsaraat etc." (13,2)
Rabbi Avraham Moché Damari de Tunisie, dans son ouvrage Ismah' Moché, s'interroge sur deux mots qui figurent dans ce verset et qui paraissent inappropriés : le mot ADAM (homme) qui, parmi tous les qualificatifs désignant une personne, est de loin le plus valorisant.
Et le mot VEHAYA (et ce sera) qui introduit généralement une circonstance joyeuse. Or le traitement du Métsora n'annonce a priori rien de très glorieux qui justifierait ces qualificatifs très positifs !
Et fait, répond-t-il, c'est justement la condition précaire du fauteur qui est à la base de cette approche positive : un homme qui est sollicité à travers des signes envoyés par le Ciel à se repentir et réparer ses erreurs est un homme dont on ne désespère pas, c'est un homme dont l'importance et la hauteur permettent d'envisager pour lui un bel avenir (s'il fait le nécessaire.) Cette nouvelle est déjà une raison suffisante pour lui de s'en réjouir !
Le racisme pré-messianique
"Il est devenu entièrement blanc, il est alors pur." (13,13)Le Talmud dit à ce propos que le Machiah', descendant de David, ne viendra pas tant que tout l'Empire ne soit devenu "Minout" (de "Min", renégat/infidèle/idolâtre). Pour Rav C. R. Hirch le Talmud fait allusion au racisme établit en doctrine nationale. Lorsque le pouvoir en place prétend incarner la "race supérieure", blanche et propre, c'est que nous sommes en présence du signe le plus patent de saleté et d'impureté…
Deux oiseaux pour deux leçons
"Deux oiseaux vivants" (14,4)
L'un des très grands rabbanims de la ville de Belz organisa une fois une assemblée générale à Lvov, qui réunissait un grand nombre de grandes personnalités rabbiniques. Il haussa le ton et parla avec force contre les tentatives dangereuses des réformateurs susceptibles d'endommager les fondements du vécu juif. Un des grands de la génération était assis et se tenait silencieux.
Le Rav s'adressa à lui en lui rappelant les paroles des Paraboles "il y a un moment pour se taire et un moment pour parler" et lui reprocha son silence. Il saisit l'occasion pour expliquer le passage relatif aux oiseaux amenés par le Métsora, l'un étant égorgé et l'autre maintenu vivant. Or, s'étonna-t-il, il est aisé de saisir le sens de l'oiseau égorgé puisque les procédés expiatoires du Métsora sont là pour blanchir la faute due aux mauvaises paroles. L'oiseau, animal bruyant rappelant les papotages humains, est mis à mort pour montrer au fauteur qu'il aurait dû se taire comme cet oiseau qui ne peut plus parler. En revanche, l'oiseau vivant et donc ayant la faculté de parler n'est-il pas justement le parfait contre-exemple de la morale visée ?
C'est qu'en réalité, répondit le Rav, l'oiseau vivant vient rappeler que si la parole négative doit être expiée, il en va de même pour le silence "en trop". Se taire est parfois une faute. Comme en des occasions comme celle-ci où des mécréants souhaitent détruire les fondements de la tradition…
R. Chmouel Olivier