Perles recueillies en survolant le séder de Vayélekh
Jusqu'au dernier souffle
"Et Moché partit. Il prononça les paroles suivantes, à tout Israel." (31,1)
Le verset est formulé de manière à laisser planer une petite ambiguïté quant au lieu et à l'activité vers lesquels Moché se rendit.
La traduction/interprétation de Yonatan Ben Ouziel nous apprend que Moché partit en réalité s'installer dans une maison d'étude
Pourtant, le contexte prête difficilement cette possibilité au lecteur. En effet, Moché, dans la suite du texte, va se séparer du peuple car il sait que ses jours sont écoulés. Il n'est point question de maison d'étude !
Nous allons donc interpréter l'interprétation :
Moché voulait enseigner aux Enfants d'Israel que jusqu'au dernier moment, jusqu'au dernier souffle, le salut d'un homme ne réside que dans l'étude de la Torah. Face au Yétser Hara, la solution par excellence est l'étude. Comme le disent les Sages : "J'ai créé le Yétser Hara, J'ai créé la Torah comme antidote."
Moché avait pourtant les meilleures excuses pour échapper à la règle : il était lui-même le transmetteur de la Torah, il avait dépassé toute matérialité primaire, et se trouvait à quelques heures de sa mort.
Et pourtant, jusqu'au dernier moment, il nous apprend qu'un homme ne vit que par l'étude de la Torah.
Anniversaire et anniversaire.
"Il leur dit : j'ai aujourd'hui cent vingt ans..." (31,2)
Les Sages nous apprennent que D. "remplit " les années des justes. Ceux-ci quittent généralement le monde à la même date que celle de leur naissance. Les années du Tsadik sont ainsi remplies, c’est-à-dire complètes.
Quel est le sens de ce phénomène ?
Rabbi H'ayim Kanievski, dans son ouvrage "Taama Dikra", explique ainsi : le jour anniversaire est un jour où l'individu est au meilleur de sa force. Etant né en ce jour, son Mazal est assurément favorable à la réussite. C'est la raison pour laquelle Amalek enrôlait dans son armée des soldats au jour de leur anniversaire, afin de garantir une réussite militaire. Il savait qu'ils avaient peu de chance de mourir ce jour-là !
Or la mort n'est une triste nouvelle que pour le commun des mortels. Pour le juste, au contraire, la mort est un passage qui ne lui fera que du bien. Son corps n'étant que l'enveloppe d'une âme qui pourra enfin jouir d'une ascension sans limite.
C'est donc précisément le jour où le Mazal du Tsadik est au meilleur de sa forme qu'il lui convient de nous quitter.
Etre dans l'ambiance
" Et leurs enfants qui ne savent point, écouteront et apprendront à craindre D. votre Tout-Puissant…" (31,13)
A la fin du cycle de sept années, en la fête de Soukot, les Enfants d'Israel sont invités à se rassembler au Temple pour écouter le roi lire la Torah. Tous sont convoqués, femmes et enfants compris.
Comme le fait remarquer le Rav Moché Sterenboukh, les enfants ne comprennent pas le contenu du message adressé. Pourtant, s'ils sont présents, c'est que le simple fait de se trouver aux côtés de leurs parents qui eux, participent à ce rassemblement, est déjà une manière de les diriger dans le chemin de la crainte de D.
Le message n'est pas seulement pertinent pour les enfants, mais également pour tous ceux qui pour une raison ou une autre ne sont pas en mesure de se livrer à l'étude de la Torah. La fréquentation des érudits, des gens pieux, est en mesure de leur apporter la crainte de D. qu'ils auraient acquis par l'étude, s'ils en étaient capable.
Mâcher le travail
"Et maintenant, écrivez ce chant, et enseignez le aux Enfants d'Israel, posez le dans leur bouche… " (31, 19)
Une personne en bonne santé et qui dispose de ses facultés élémentaires peut se nourrir de par lui-même en amenant la nourriture à sa bouche.
S'il est malheureusement handicapé ou malade, il faudra parfois que nous lui insérions l'aliment dans sa bouche.
Toutefois, il est une étape dont il ne pourra faire l'économie, c'est celle d'avaler. Cela, on ne peut le faire à sa place.
Il en est de même, nous dit le Rav Desler, en ce qui concerne la Torah que D. nous a donné. Moché a rapproché la Torah aux Enfants d'Israel de sorte à ce qu'elle peut être considérée comme étant posée dans leur bouche. Mais cette Torah, nous devons faire l'effort de l'ingurgiter, de la faire pénétrer en nous. Cela, on ne peut le faire à notre place. (Telalé Orot)
Avec ou contre ?
"Vous étiez rebelles avec D. " (31, 27)
Plutôt que "avec D.", le verset aurait pu dire "contre D."(du moins en hébreu : "Négued Hachem" est normalement plus justifié que : "Im Hachem")
En fait, lorsqu'une personne se révolte contre la Torah, il lui arrive de se justifier en se servant de la Torah elle-même. C’est-à-dire en déformant son message de telle sorte que la Torah parait corroborer ses propos. C'est cela se révolter avec D. : s'appuyer sur la Torah pour se rebeller ! (Satmer Rouv)
Chabbat Chalom
R. Chmouel Olivier.