Perles recueillies en survolant le Séder de Tétsavé.
La lumière de la Torah.
"Et toi, tu ordonneras aux enfants d'Israël de te choisir une huile pure d'olives concassées, pour le luminaire, afin d'alimenter les lampes en permanence" (27,20).
On s'interroge immédiatement sur ce qui lie en particulier la préparation de l'huile d'olive à Moché Rabénou au point que cette Mitsva lui soit adressée en particulier, par les mots "véata"/"et toi".
Rappelons que la lumière de la Ménora, fabriquée avec de l'huile d'olive, représente la Tora orale. Or celle-ci a la particularité de n'être pas seulement une tradition qui se transmet telle quelle, mais nécessite un travail d'appropriation pour que cette tradition soit personnifiée en celui qui la détient.
En ce sens elle est une Tora ''humaine", "produite" par les Sages. On peut donc comprendre que la Mitsva de l'huile soit formulée en mettant en valeur le personnage de Moché, l'homme par lequel la Tora fut donnée. (Voir également les écrits de Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin pour qui l'existence même d'une Tora orale est une conséquence des dommages causés par le Erev Rav, amenés par Moché à rejoindre le peuple juif.)
Sois juif à l'extérieur.
"Pour toi, tu ordonneras aux enfants d'Israël de te choisir une huile pure d'olives concassées, pour le luminaire, afin d'alimenter les lampes en permanence. C'est dans la Tente d'assignation, en dehors du voile qui abrite le Statut, qu'Aaron et ses fils les disposeront, pour brûler du soir jusqu'au matin en présence du Seigneur: règle invariable pour leurs générations, à observer par les enfants d'Israël." (27, 20/21).
Rabbi Yossef Patsnovsky (rav à Lodz avant la Première Guerre Mondiale) disait: en chaque juif doit être allumée une lumière éternelle. Mais cette lumière ne doit pas briller uniquement dans la Tente d'assignation, c’est-à-dire dans les synagogues et les maisons d'étude.
Elle doit briller également "en dehors du voile'', à l'extérieur, au travail, et dans tous les endroits où se tissent des liens entre les hommes et où la Tora doit aussi nous éclairer.
Splendeur
"Tu feras confectionner pour Aaron ton frère des vêtements sacrés, insignes d'honneur et de majesté" (28,2).
Cette injonction laisse entendre que l'esthétique a assurément une place dans le judaïsme. Esthétique, en l'occurrence, au service du sacré.
Pour le Netsiv de Volozin, la nécessité de vêtements beaux et majestueux habillant le Cohen est une nécessité: Aharon le grand-prêtre a un comportement marqué de piété et d'ascétisme. Aussi, afin que cela ne soit pas interprété par le peuple comme une marque d'orgueil il fut nécessaire que le grand- prêtre soit perçu comme un personnage de haut- rang, digne d'une certaine manière de véhiculer la Chékhina.
Dans le même ordre d'idées, proposons aussi l'explication suivante: si le zèle et la piété dans le service d'Hachem sont personnifiés chez un personnage à l'aspect négligé ou banal, ils n'en sortiront que rabaissés aux yeux du peuple, et ce par simple phénomène d'association d'esprit. Pour rehausser l'idée de l'Avodat Hachem chez ce même peuple, il faudra associer chez le Cohen sacré et esthétique.
Interventionnisme halakhique
"Tu feras le pectoral de jugement, artistement ouvragé et que tu composeras à la façon de composeras"(28;15).
Selon la traduction araméenne de Yonatan Ben Ouziel, lorsqu'un jugement échappait à la compétence des juges, on pouvait se servir de l'Ourim Vétoumim. (Composé de pierres précieuses, et où des lettres inscrites s'illuminaient par miracle et indiquaient la voie à suivre).
Dans la brochure "Iyoun Haparacha" figure la question suivante: Les Sages enseignent dans le Talmud (Baba Métsia 59) que "la Loi n'est pas aux cieux'', autrement dit D. a laissé aux hommes le soin de trancher sans Son intervention directe. Ceci exclue donc l'usage des Ourim pour connaitre la loi! Pour Rabbi H'ayim Kanievsky, on peut envisager que les Ourim indiquaient simplement les références à consulter pour aider les juges à rendre le jugement.
Pour le Rav Baroukh Mordekhay Ezrah'i, en revanche, la question n'a pas lieu d'être. En effet, dire que la Tora n'est pas dans le ciel est une manière de dire que même une intervention divine ne pourra changer les principes établis par la Tora pour déduire et trancher les problèmes halakhiques. En revanche, en cas d'oubli ou d'incompétence à résoudre un cas difficile, pourquoi ne pas être aidé d'un "coup de pouce" susceptible d'aider les juges à connaitre les données ou la sentence.
Ceci ne modifie en rien les principes transmis! Dans le même esprit, enfin, le Rav Moché Sterenboukh explique que lorsque les Dayanims sont incapables de trancher, il est autorisé de consulter le "ciel".
Courage
"Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek (…) efface le souvenir d'Amalek (…) n'oublie pas.".
Amalek, comme le disent les Sages à partir du texte de la Tora, a "refroidi" le peuple juif. Comment se décourage-t-on, dans le domaine religieux? En se persuadant que les fautes et les erreurs commises sont irrécupérables et que de toutes les façons tout est perdu d'avance.
C'est ce qui est mis en allusion dans ce texte: effacer tout souvenir Amalek, c'est effacer en nous toute trace de découragement. C'est être convaincu que notre travail est désormais agrée aux yeux du Maitre du monde. "N'oublie pas" s'écrit" Lo Tichkah'".
En découpant ce dernier mot en deux on obtient "Lo Tach Koah'": notre force et notre enthousiasme dans l'accomplissement des Mitsvots ne sera en rien affaibli. (Beer Moché)
R. Chmouel Olivier