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Perles sur la parachat Pinh'as

Mercredi 08 juillet 2015

Perles recueillies en survolant le Séder de Pinh'as

 


Conversations chabbatiques

 


Un Chabat, celui de la parachat Pinh'as. Un lieu : la ville de Belz. Deux grandes personnalités du Hassidisme, Rabbi H'ayim de Tsanz et son ami Rabbi Chalom de Kaminka, viennent passer le Chabat auprès de leur maitre, Rabbi Chalom de Belz. Dans le courant du Chabbat, se développe une discussion entre ces Tsadikims autour d'un passage de Rachi au tout début de la Paracha, celui qui explique que puisque les différentes tribus méprisaient Pinh'as en clamant " avez-vous vu ce fils de Pouti dont le grand père maternelle (Ytro) engraissait des veaux pour des cultes idolâtres !", le verset relève donc l'affiliation (bien plus glorieuse) de Pinh'as à Aharon!


Or les deux Tsadikims demandèrent à leur rabbin : dans la mesure où les tribus connaissaient bien entendu aussi l'affiliation de Pinh'as à Aharon, et que pourtant leur discours consistait à attirer justement l'attention sur l'autre affiliation, celle à un ancêtre anciennement idolâtre, en quoi l'allusion du verset est-elle en mesure de rétablir un meilleur regard sur Pinh'as?
Le Rav répondit par une histoire : celle d'un juif qui ouvrit un commerce, plus exactement une buverie. Un curé qui passa devant ce commerce et n'admettant pas la réussite d'un juif, demanda à un ami d'ouvrir un commerce concurrent, juste en face du premier. Le juif, inquiet, se rendit chez son Rav, le H'ozé de Lublin, pour lui faire part de son inquiétude. Celui-ci le bénit et le rassura. Peu de temps après, le concurrent mourut subitement. Le curé ne désespéra point et demanda à une autre personne d'ouvrir un nouveau commerce. Retour du juif chez le Hozé. Mais celui-ci précisa au juif que cette fois ci, la délivrance ne se déroulera pas de la même manière que la première fois. En effet, justifia-t-il, peu de temps après le décès du premier patron, un esprit vint visiter le Rav et tenait entre les mains deux lumières éteintes.


Le Rav Chalom termina son histoire ainsi, sans préciser le sens de cette histoire et comment la Paracha de Pinh'as en était-elle plus compréhensible !
Ce n'est qu'après avoir réfléchi longuement, que les deux élèves comprirent l'enseignement de leur maitre :
Les deux bougies éteintes étaient un message signifiant que deux âmes pures, devaient venir au monde par l'intermédiaire de ce non juif, s'il était resté en vie. Etincelles de sainteté "incorporées" dans cette personne, elles auraient pu apparaitre dans la descendance de ce non- juif. La mort de celui-ci mis fin à cette possibilité.


En relevant que Pinh'as était également le descendant d'Aharon, la Tora veut dire que son affiliation à Ytro n'altère en rien la qualité du personnage de Pinh'as. Bien au contraire, celui-ci est l'expression des étincelles de sainteté contenues dans le personnage d'Ytro, même lorsqu'il fréquentait encore les cultes idolâtres.
(Raconté dans Hamevasser n0 293)

 

Double dimension

 

Tout acte positif, toute mitsva, exprime deux dimensions : sa partie visible, c’est-à-dire l'action elle-même, qui par définition est limitée dans le temps, dans l'espace, etc. Mais elle porte en elle aussi les intentions de celui qui l'accomplit : ces intentions, abstraites par définitions, ne sont pas quantifiables et ne sont visibles que par le Créateur, seul capable de mesurer la sincérité et la grandeur d'âme de l'individu.


Grace à cette distinction, nous pouvons interpréter, au moins sur le mode allusif, le début de la Paracha. En effet, Hachem vante d'abord le mérite de Pinh'as en précisant qu'il a ôté le courroux divin qui planait sur le peuple d'Israël en "vengeant Ma vengeance parmi eux" ce qui est une allusion à l'action visible au sein du peuple, et qui méritera donc une récompense bien définie, celle de "l'alliance de paix", donc la prêtrise. Mais le verset continue en promettant que cette bénédiction aura une portée illimitée puisqu'elle concernera "lui et sa descendance après lui." Et ceci parce qu'il vengea Hachem "en tant que son D.", qui fait allusion à l'intériorité de cet acte en tant que Pinh'as était proche de D. et que son action exprime cette intégrité du cœur.
(À partir du Tsémah' Tsadik)

 

Comment choisit-on un dirigeant ?


La nomination de Yéhochoua comme successeur de Moché est justifié par les maitres en relevant l'assiduité de Yéhochoua qui servit Moché sans jamais quitter sa tente. Yéhochoua se voit donc mériter le grade suprême non pour un acte de bravoure extraordinaire mais par un comportement quotidien qui exprime son aptitude à être au service des autres.
Comme le souligne Rabbi Yérouham de Mir, ceci est une constante dans l'élection de dirigeants du peuple d'Israël biblique. Car le Midrach nous raconte que Moché fut choisi pour sa capacité à assumer le joug des autres. Quand il était déjà berger, il porta sur ses épaules un jeune agneau fatigué car assoiffé. Il en est de même pour le roi David, qui gérait son troupeau en prenant soin de nourrir chaque animal selon une nourriture adaptée à son âge.
Il est donc saisissant de constater comment des manifestations banales de l'altruisme se révèlent en fait décisives pour choisir un dirigeant !

 

R. Chmouel Olivier
  

L'étude d'aujourd'hui est dédiée à la réfoua chélema de Rabbi Avraham Moréno Albert Ben Rivka. 

Merci de prier pour lui !!