Perles recueillies en survolant le Séder de Michpatim.
Le Tribunal au Temple.
Le passage clôturant la Paracha de Ytro et précédant donc la Paracha de Michpatim est directement lié au Mizbéah'. La Paracha de Michpatim, elle, traite des lois qui gèrent les relations entre les hommes, sorte de code civil.
Cette proximité des textes vient enseigner, disent les maîtres, que le Sanhédrin, c’est-à-dire la plus haute instance judiciaire, doit être à proximité de l'autel. On peut voir dans cette promiscuité géographique le symbole d'un enseignement moral: il n'y a de véritable service d'Hachem (représenté par le Mizbéah') qu'accompagné par un respect scrupuleux des règles de conduites en société…
Le Téfah' de trop.
"Si un homme ouvre un fossé ou si un homme creuse un fossé et ne le recouvre pas, et qu’un bœuf ou un âne y tombe, le propriétaire du puits devra payer." (21,33).
Il est intéressant de remarquer que dans ce verset le mot BOR (fossé, puits) est écrit la première fois dans son orthographe complète, comprenant la lettre Vav, et la seconde fois en l'absence de ce même Vav. On trouvera dans l'ouvrage Avodat Israel une explication sympathique: Rachi apprend de ce même verset que c'est non seulement celui qui creusera un trou intégralement qui sera coupable, mais aussi celui qui ne fera que compléter la profondeur d'un trou déjà profond de 9 Téfah'ims pour le rendre profond de 10 Téfah'ims. On comprend donc pourquoi le premier BOR est complet puisqu'il s'agit d'un creux tout fait, alors que le second BOR est déficient puisqu'il s'agit d'un trou à compléter…
Près de soi.
'' Lorsque tu prêteras de l’argent à Mon peuple, au nécessiteux qui est auprès de toi, ne sois pas à son égard comme un créancier ; ne lui imposez pas d’usure. " (22,24).
Un adage tiré des Pirké Avots recommande de faire en sorte que les pauvres soient (comme) ''des membres de ta maison".
Comment aborder cette sollicitation de manière concrète?
Le H'ida propose d'associer le nécessiteux à une petite tâche, tâche ménagère par exemple, et ce non pas dans le but de l'exploiter, mais au contraire de lui procurer le sentiment que ce qu'il reçoit est une contrepartie naturelle de sa participation aux efforts familiaux. Les mots " au nécessiteux qui est auprès de toi " peuvent ainsi être lus comme une description de cette manière de rapprocher les pauvres!
L'épouse d'abord.
"Si tu vois l’âne de ton ennemi ployer sous sa charge, te refuserais-tu à lui venir en aide ? Tu auras soin de lui venir en aide." (23,5).
Un élève de Rabbi Nathan Tsvi Finkel, appelé aussi Saba de Slabodka, raconta cet échange qu'il eut avec son maître, peu de temps après son mariage: c'était un vendredi et l'élève se trouvait au Beit Midrach, quand le Saba lui demanda: "As-tu aidé ton épouse pour les préparatifs du Chabbat ?" L'élève répondit " Bien évidemment! C'est ce que recommandent nos maitres dans le traité de Chabbbat (119) en nous décrivant comment les maîtres talmudiques accomplissaient eux-mêmes certains préparatifs!"
Mais le Saba, non satisfait de la réponse de son élève, lui répondit à peu près en ces termes: " Mon cher Tsadik! Avant d'évoquer la nécessité d'honorer le Chabbat en s'impliquant soi-même dans ses préparatifs, n'oublions pas l'injonction de "Azov Taazov Imo"/ " Tu auras soin de lui venir en aide".
Si déjà la Tora nous enjoint d'aider l'animal d'autrui, n'est-il pas indispensable de venir en aide aux êtres humains, en l'occurrence sa propre épouse!"
Tous ensembles.
"Ne te prosterne pas à leurs dieux, ne les sers pas et n’agis pas selon leurs rites ; tu les renverseras plutôt et briseras leurs monuments. Vous servirez l’Éternel, votre D., et Il bénira ton pain et ton eau ; et J’écarterai toute maladie de ton sein." (23,25).
De manière étonnante, alors que l'ensemble du passage est formulé au singulier, le service d'Hachem est, lui, au pluriel. C'est ce que remarque le Baal Hatourim. Et il répond: le service en question est en fait le ''service du cœur" c’est-à-dire la prière. Or, la prière est acceptée beaucoup plus facilement lorsqu'elle est pratiquée en communauté. D'où le pluriel.
R. Chmouel Olivier