Perles recueillies en survolant le Séder de Ki Tissa.
Le riche et le pauvre.
"Le riche ne donnera pas plus, le pauvre ne donnera pas moins que la moitié du sycle, pour acquitter l'impôt de l'Éternel, à l'effet de racheter vos personnes." (30,15).
Le début de ce verset qui a pour objet l'uniformisation des dons du Mah'atsit Hachekel destiné au Temple, est interprété par Rabbi Yossef H'ayim de Bagdad comme une mise en garde contre une satisfaction personnelle démesurée ou, à l'opposé, un surplus d'humilité décourageant.
A celui qui est riche en avoirs "spirituels", c’est-à-dire en Tora et en Mitsvots, l'on dit : n'en rajoutes pas à l'opinion favorable que tu as de toi même pour te croire grand; au contraire reste humble. Quant à celui qui penserait qu'il est de toutes les façons trop pauvre en Tora et Mitsvots et qu'il n'a plus rien à perdre, il lui faut au contraire se rappeler qu'il est possible pour tout à chacun, là où il se trouve, de progresser pour devenir un véritable Tsadik.
La pierre et le bois.
"D. donna à Moïse, lorsqu’il eut achevé de s’entretenir avec lui sur le mont Sinaï, les deux tables du Statut, tables de pierre, burinées par le doigt de D." (31,18).
Remarquons que les tables de la loi sont faites de pierre. Alors que l'arche qui les contenait était faite de bois.
On peut y voir un symbole: la Torah, à l'image de la pierre, est stable, invariable.
L'homme qui s'en fait le réceptacle, est au contraire en constante ascension. Autrement dit, c'est à l'homme de tendre l'oreille pour comprendre le message de la Tora et non d'en modifier le message lorsque celui-ci heurte ses convictions les plus profondes.
Cette tentation anime malheureusement beaucoup de ceux qui n'ont pas la patience ou l'honnêteté de se donner le temps de saisir un texte ou une idée qu'ils ne comprennent pas immédiatement.
Le Tsadik et le Racha.
"Si j'ai trouvé faveur à tes yeux, daigne me révéler tes voies" (33,13).
Par cette requête Moché espérait comprendre la souffrance du juste et le bonheur du mécréant.
Lors d'un séminaire organisé aux Etats- Unis et où participait le Rav Pinkus, un auditeur posa une question au conférencier: "finalement, comment expliquer que les Tsadikims souffrent?". Le Rav Pinkus répondit immédiatement et avec une quasi-colère que cette question est celle de Moché Rabénou, et des prophètes Yirmia et H'abakouk. Or c'est une question qui porte sur une minorité de Tsadikims qui souffrent.
Car l'écrasante majorité des justes est touchée par le bien, alors qu'une écrasante majorité de mécréants est touchée par le mal. Il suffit d'ouvrir les yeux pour constater que le Tsadik vit une vie bien meilleure que le Racha. Il ne faut donc pas prendre l'exception pour la norme!
La pierre et les lettres.
Une lecture superficielle de la Paracha pourrait nous convaincre de l'obsolescence des premières tables puisque finalement elles furent remplacées par les secondes.
Or pour l'auteur du Chem Michemouel, il n'en est rien.
Sans rapporter l'intégralité de son propos, il s'en dégage une idée directrice: seule "l'extériorité" des tables -entendons: la pierre- fut brisée. Les lettres, c’est-à-dire " l'intériorité" des tables, furent en revanche réinscrites sur les nouvelles pierres.
Ce qui veut dire qu'en pénétrant au plus profond qu'il nous en est possible au cœur de la Torah, se dévoilera à nous la Torah telle qu'elle fut transmise dans les premières tables.
Or cela correspond presque "symétriquement'' à l'erreur du veau d'or qui fut à l'origine de la brisure.
En effet, là aussi la faute n'était qu' "extérieure". Comme l'expliquent les commentaires, les Bné Israel n'ont pas fautés au sens plein du terme mais ont été manipulés par les visions que provoquait le Satan. Ils se sont, pour ainsi dire, "trompés". Il était donc logique que les tables ne soient brisées que dans leur matérialité.
R. Chmouel Olivier.