Perles recueilles en survolant le séder de Ki-Tavo
Mézouza nationale.
"Et tu y écriras toutes les paroles de cette doctrine dès que tu auras passé, pour mériter d'entrer dans le pays que l'Éternel, ton D., te destine, pays ruisselant de lait et de miel, comme te l'a promis le Seigneur, le D. de tes pères." (27,3)
L'écriture de la Torah sur les pierres au moment de l'entrée en Eretz Israel s'apparente au devoir de fixer une Mézouza à l'entrée de la demeure. La Torah ainsi écrite sur les pierres sera une protection mais aussi une garantie quant à l'accomplissement de toutes les Mitsvots que les enfants d'Israel accompliront une fois entrés.
(Abarbanel)
Le peuple éternel.
"Moché, assisté des pontifes descendants de Lévi, parla ainsi à tout Israël: "Fais silence et écoute, ô Israël! En ce jour, tu es devenu le peuple de l'Éternel, ton D.". (27,9)
Les mots "en ce jour" viennent insister sur le fait que c'est avant l'entrée des enfants d'Israel en Eretz-Israel que ceux-ci deviennent un peuple. Ainsi, même exilés de leur pays, ils ne cesseront d'être un peuple. C'est là que réside le secret de l'éternité d'Israël : il est un peuple même chassé de son pays.
Secteurs développés.
"Tu seras béni dans la ville, et béni dans les champs" (28,3)
Il y a des pays dont la puissance réside dans une activité commerciale très développée, mais dont la terre ne produit ni céréales, ni fruits, etc... Et d'autres pays qui, à l'inverse, ont une agriculture développée mais n'ont pas d'activités commerciales poussées. Dans ce verset, la Torah promet que la bénédiction touchera les deux secteurs, représentés par la ville et le champ.
La tête avant le cœur.
"Et tu marcheras dans ses chemins" (28,9)
Pour se faire une idée sur la nature de cette recommandation, rapportons l'explication que donne le Rav de Brisk sur un passage du Talmud tiré du traité de Méguila (13, b). Il y est dit que lorsque le patriarche Yaakov a dit, à propos de la relation qu'il entretenait avec Lavan: "je suis son frère en fourberie" (c’est-à-dire: je suis capable d'être aussi rusé que lui si cela est nécessaire), Rah'el s'exclama: " Est-il permis aux justes de se conduire de manière fourbe?". Ce à quoi Yaakov répondit :" Oui, comme il est dit : "avec le droit tu te conduis avec droiture, et avec le fourbe de manière tortueuse" (Chmouel 2, chap. 22).
Le Rav de Brisk s'interroge : finalement, comment le juste, dont la nature est justement la droiture est-il capable d'adopter un comportement qui ne s'accorde pas du tout à son caractère ?
Et de répondre (de manière tout à fait typique de l'école qu'il représente) que la question n'en est pas une. En effet, puisque d'une part, la ruse est une conduite qu'Hachem adopte Lui-même envers certaines personnes, et que d'autre part nous sommes enjoints de L'imiter ("marcher dans ses chemins"), la Halakha nous contraint donc à nous conduire ainsi. La Halakha dicte nos sentiments et non l'inverse. Dès lors, il ne fait aucun doute que le juste puisse remplir son devoir.
(Michoulkh'an Guavoa)
Le lion et le renard.
"Hachem te placera à la tête, et non à la queue" (28,13)
Si nous sommes à la tête, nous ne sommes donc pas à la queue. Pourquoi donc cette précision ?
C'est que les maîtres disent (Pirké Avots 4,16) : "soit à la queue des lions et ne soit pas à la tête des renards"
Dès lors, la tête dont fait mention le verset peut être identifiée comme celle du renard !
C'est pour cela que le texte précise qu'il s'agit de la tête du lion, et non pas la tête du renard qui est considérée comme la queue, en rapport avec l'animal au-dessus de lui…
(Tiféret Yéhonatan, Aybeshitz)
R. Chmouel Olivier