Perles recueillies en survolant le Séder de Chémini
Silence parlant.
"Et un feu s'élança de devant le Seigneur et les dévora, et ils moururent devant le Seigneur. Moïse dit à Aaron: "C'est là ce qu'avait déclaré l'Éternel en disant: Je veux être sanctifié par ceux qui m'approchent et glorifié à la face de tout le peuple!" Et Aaron garda le silence." (10,2/3)
Aharon reçut une récompense pour son silence.
Le Rav Chélomo Wolbe écrit: "Le silence est un grand travail. Il n'est pas seulement l'absence de parole, il "dit" parfois bien plus que ce que les mots sont capables de dire. (…)Celui qui ne maitrise pas l'art du silence, ne sait pas vivre. Il voit et entend de belles choses dont la profondeur est capable d'ébranler, mais lui n'en n'est pas secoué: il est obligé de parler, de lancer une phrase, émettre un jugement (''c'est bon'', ''c'est très bien'', etc…), les paroles n'ont pas percuté son cœur, auquel cas il se serait tu." (Ale Chour 1, page 178)
Futur ruminant
''Le porc, qui a bien le pied corné, qui a même le sabot bifurqué, mais qui ne rumine point: il sera immonde pour vous.'' (11,7)
Certains propos attribués aux Sages du Midrach affirment que dans les temps futurs le porc sera autorisé à la consommation. Il ne faut pas en déduire que la Tora subira des modifications. C'est la nature même de cet animal qui changera et qui le fera ruminer. (D'après Rabbi H'ayim Ben Atar)
Généreuse mais sélective
"La cigogne, le héron selon ses espèces, le tétras et la chauve-souris". (11,19)
La cigogne est appelé en hébreu "hassida" car elle est ''généreuse avec ses amies en ce qui concerne la nourriture'' (Rachi)
Dès lors, s'interroge le H'idouché Harim, pourquoi cette espèce est-elle interdite?
Nah'manide ne dit-il pas que les volatiles qui sont interdits à la consommation présentent tous une attitude cruelle? C'est qu'en réalité, dit le mâitre, la H'assida ne partage sa nourriture qu'avec ses ''copines'', mais pas avec les autres.
La Tora enjoint de se soucier de la nourriture de tous…
Il est peut être possible de suggérer, pour (presque) plaisanter, une autre idée : Rachi souligne que la bonté de la cigogne se manifeste dans le domaine alimentaire. Or à nous, les juifs, de nous soucier également des besoins spirituels d'autrui. Il est parfois cruel de laisser les autres "sur le banc de la touche" et ne pas nourrir leur âme!
Le rien qui sépare
"Telle est la doctrine relative aux quadrupèdes, aux volatiles, à tous les êtres animés qui se meuvent dans les eaux et à tous ceux qui rampent sur la terre;afin qu'on distingue l'impur d'avec le pur, et l'animal qui peut être mangé de celui qu'on ne doit pas manger." (11,46/47)
La distinction pur/impur fait référence ici à la différence entre un animal dont seule la moitié de l'œsophage a été tranché (et qui est donc impur ou non-cacher) et un animal dont un peu plus que la moitié de l'œsophage a été tranché (ce qui est suffisant pour le rendre cacher). Rabbi Bounim de Pchish'a disait à ce propos: en effet, toute la différence entre le pur et l'impur, entre le Gan Eden et le Guéhinom, ne tient qu'à très peu de choses…
La viande de l'ignorant.
Les Sages disent qu'il est interdit à un ignorant (Am Haarets) de consommer de la viande. Il ne s'agit pas d'une interdiction au sens strict, rassure le Ben Ich H'ay. Toutefois cette recommandation nécessite évidemment explication. Le même auteur en propose deux: 1) Le Am Haarets ignore les lois strictes qui entourent l'abattage et la cachérisation d'un animal. Même s'il peut se fier à son entourage et consommer la viande que la communauté lui propose, il ne sera pas suffisamment averti dans des circonstances où la cacherout laissera à désirer (lorsqu'il est en voyage, etc..). Il est donc préférable pour lui de s'habituer à ne pas consommer de viande. 2) La viande est considérée par la Kabale comme un aliment comportant de nombreux éléments négatifs. Or seul un Tsadik sera capable de consommer de la viande sans être touché par les dangers qu'elle contient.
R. Chmouel Olivier