Perles recueillies en survolant le Séder de Bo.
Un Miracle pour l'éternité.
Hachem annonce à Moché que sa manœuvre consistant à durcir le cœur de Pharaon pour ensuite châtier les Egyptiens a pour but de transmettre ce récit aux générations futures.
Voici un commentaire tiré du Noa'm Elimelekh, œuvre du grand maître Rabbi Elimelekh de Lidzensk: '' Lorsque le Saint- béni soit- Il, dans sa miséricorde, effectue un miracle une première fois en faveur d'Israël et qu'Il les venge de ses ennemis, alors la miséricorde (de manière plus générale) se réveille et cela est efficace même pour les générations suivantes lorsqu'Israël devra se venger d'un ennemi quelconque qui les menacerait d'exercer sur eux une lourde pression par son autorité. C'est alors qu'Hachem exerce une vengeance, qui découle de la miséricorde déjà réveillée auparavant lors d'un danger similaire. C'est en ce sens qu'il faut comprendre: "afin que tu racontes (…) ce que j'ai fait subir à l'Egypte".
Autrement dit, lorsque vous raconterez cela alors les mêmes compassions se réanimeront et permettront d'exercer une réaction ne permettant pas à vos ennemis de vous faire souffrir. Comprends cela."
En colère
Après avoir annoncé au Pharaon la venue imminente de la dernière plaie, celle qui toucha les premiers nés, Moché sortit de chez le Pharaon en colère. (11,8). Ceci nécessite une justification. Pourquoi Moché serait-il en colère alors qu'il ne fait qu'obéir aux injonctions divines et que l'entêtement de Pharaon dans son obstination à ne pas libérer le peuple était prévue et de surcroît organisée par l'Eternel?
Rabbi Zeidel Epstein, l'un des derniers maîtres contemporains du Moussar, propose une explication qui ne fait que confirmer la grandeur de Moshé: celui-ci, comme chacun le sait, avait grandi dans la maison du Pharaon. Il y avait même atteint les plus grands sommets de la hiérarchie égyptienne. Or on connait le refus ou l'incapacité du sauveteur des hébreux à frapper directement ceux qui lui offrirent jadis quelque bien que ce soit. Même une création inanimée comme le fleuve égyptien ne fut pas frappée directement par Moché mais par l'intermédiaire d'Aharon. Et ce parce qu'il servit au sauvetage de Moché après sa naissance. En fait, Moché souhaitait dans son for intérieur la repentance du Pharaon. Il croyait peut être, que les terribles effets des plaies allaient malgré tout toucher le cœur endurci du Pharaon. En constatant que rien n'y faisait, il fut particulièrement peiné. Une colère s'empara de lui. Comme lorsque l'on est peiné qu'un être proche s'obstine à ne pas faire ce qu'on croit bon pour lui. Ceci, à l' opposé d'une indifférence pourtant courante chez les humains, qui consiste à penser ou à dire: "et bien tant pis pour lui!''.
Soulignons tout de même, que la Torah n'est pas adepte de la compassion aveugle et nous demande de ne pas avoir de compassion pour les gens cruels. Mais ceci est valable au niveau des actes. Le cœur de Moché, en revanche, était peut être secoué par le châtiment qu'il se devait de faire subir à Pharaon.
Impureté inconsciente.
''Ce mois est pour vous le commencement des mois" (12,1). Le bouc que l'on offre au Temple à chaque néoménie a pour objet d'expier les fautes concernant la fréquentation du Temple et de ses objets en état d'impureté. Et ce, lorsque la personne ignorait son état d'impureté du début à la fin, confirmant le caractère involontaire de la faute qui nécessite donc l'offre d'un sacrifice.
Rav Hirch y voit un symbole: le Roch H'odech vient nous apprendre que de la même manière que la lune se renouvelle, nous aussi devons se renouveler et se purifier de toutes les idées et conceptions étrangères qui s'introduisent en nous sans que nous y prêtions attention, tout au long du mois qui vient de s'écouler.
Mais qui est le Destructeur?
''Et l'Eternel passera pour frapper l'Egypte et verra le sang sur le linteau et sur les deux montants et Il passera au-dessus de l'entrée et Il ne permettra pas au Destructeur de venir dans vos maisons pour frapper" (12,23).
Rachi explique: Lorsqu'il est donné permission au "Mach'ite" (dévastateur, ravageur) d'exercer ses ravages, il ne distingue pas le juste du mécréant.
Il en ressort, selon Rachi, que la mort des premiers nés est l'œuvre d'un ange destructeur. Pourtant les Sages ont souligné, comme il apparait dans la Hagada de Pessah', qu'Haschem a agi sans l'intermédiaire de qui que ce soit: "Moi, et pas un ange."
C'est pour cela qu'Abarbanel propose une autre interprétation. Les Bné Israel furent enjoints de ne point sortir de chez eux pendant la plaie des premiers nés, et ce d'une part pour ne pas s'attiser la haine et la colère des Egyptiens qui étaient en train de subir le pire désastre, mais aussi pour se concentrer à la Mitsva du sacrifice pascal, ou encore pour ne pas se mettre en danger suite à la circoncision qu'ils devaient effectuer cette même nuit, et qui exige de ne pas s'exposer à l'air extérieur. Le Destructeur mentionné dans le verset, ce sont donc les Egyptiens eux-mêmes, suggère Abarbanel.
Racheté et sauvé.
La Mitsva du rachat d'un premier né est une obligation de la Torah, mentionnée dans la Paracha. Il est donc recommandé d'être attentif à cette obligation et de veiller à ce que la "transaction" s'effectue selon les exigences de la Halakha.
Rabbi H'ayim Falagi, dans l'un de ses nombreux ouvrages, nous fait part d'une anecdote édifiante et dans laquelle il était lui-même impliqué: un homme faisant partie de son entourage tomba un jour gravement malade. La dégradation de son état de santé rendait les médecins pessimistes quant aux chances de survie de cette personne. Or cet homme était le premier né de sa famille. Lorsque Rabbi H'ayim alla le visiter, il lui proposa d'effectuer une nouvelle fois son rachat, en supposant que peut être celui effectué dans sa jeunesse n'avait pas été réalisé selon les règles. L'homme accepta, on fit venir un Cohen, et Rabbi H'ayim s'occupa du reste. Or l'incroyable se produisit: l'homme retrouvât immédiatement ses forces et vécut encore… une vingtaine d'années!
Presque gonflée.
On ne s'acquitte de l'obligation de consommer la Matsa le soir de Pessah' qu'avec une pâte susceptible de fermenter, nous apprennent les Sages. (Pessah'im 35). Or une pâte qui aura effectivement gonflée est évidemment interdite et sa consommation passible d'une peine grave. L'un des maîtres en déduisit un principe de vie fondamental: un arrachement total aux forces vives de l'existence, même dans le but de ne pas être sujets aux risques du mauvais penchant, n'est pas conforme à l'esprit de la Tora. Celle-ci nous enjoint, au contraire, à vivre avec ce que la vie nous offre, tout en étant capable de maîtriser ces forces et de ne pas tomber. A l'image de cette pâte qui aurait pu fermenter mais à laquelle on a donné rapidement le statut de pain azyme…
R. Chmouel Olivier.