Perles recueillies en survolant le Séder de Béhar
Qui promet ?
"L'Éternel parla à Moché au mont Sinaï" (25,1)
Rachi demande : "Quel est le rapport entre la relâche de la terre et le mont Sinaï? Tous les commandements n’ont-ils pas été énoncés au Sinaï ?". Le H'atam Sofer répond : la Chémita est la preuve la plus convaincante que la Tora fut donnée au Sinai. En effet, qui d'autre que le Créateur lui –même pourrait s'engager à ce que "Je vous octroierai ma bénédiction dans la sixième année, tellement qu'elle produira la récolte de trois années"…?
Double liberté
"Car c'est à moi que les Israélites appartiennent comme serviteurs ; ce sont mes serviteurs à moi, qui les ai tirés du pays d'Egypte, moi, l'Éternel, votre Dieu !" (25,55)
Cette parole, qui figure à la fin de notre Paracha, comporte une répétition étonnante. C'est à l'aide de Rav H'ayim Yaakov Goldvicht que nous allons mieux comprendre. Etre libéré d'Egypte n'est pas encore une preuve de liberté totale. Comme le dit le Talmud pour justifier l'absence de Hallel à Pourim, ''nous sommes toujours les serviteurs d'Assuérus" ! Autrement dit, si la sortie d'Egypte et le don de la Tora ont donnés la possibilité au peuple d'Israel de s'affranchir de tout esclavage et de pouvoir servir uniquement l'Eternel, les fautes occasionnées par la suite et l'oppression des empires ne permettent pas de vivre pleinement cette liberté. Alors, est-ce une fatalité ? Non, affirment les Pirké Avot (3,5) : "quiconque accepte de recevoir sur lui le joug de la Tora, est épargné du joug de l'autorité et du joug des affaires habituelles".
C'est donc en se donnant à l'étude et la pratique de la Torah que chacun pourra, s'il le veut, devenir réellement libre. Nous sommes en mesure de mieux saisir la répétition que nous évoquions. Car, comme le dit le Rav Goldvicht: '' car c'est à moi que les Israelites appartiennent- cela exprime une soumission au Créateur, mais qui n'est pas encore totale. L'homme est en effet remplit de soucis quotidiens (…). L'autre soumission, celle de ce sont mes serviteurs à moi, elle, nous transforme en véritables serviteurs du Créateur sans que rien ne puisse s'additionner à cela. "
Proche de Lui, encore et toujours.
"Révérez mon sanctuaire" (26,2)
Les synagogues et les lieux d'études sont nommés par les Sages des "petits sanctuaires". On pourrait considérer ce qualificatif de "petit" comme place assignant les synagogues en dessous du vrai Temple, dans la hiérarchie des endroits voués au culte. Or Rabbi Chimchon David Pinkus prend la peine de nous faire savoir qu'il n'en est rien : " Le petit sanctuaire n'est pas une partie d'une entité plus grande qui serait le Temple. Il est en fait un Temple complet, mais en miniature. Et c'est ainsi, qu'aujourd'hui encore, en plein exil, la proximité et le dévoilement de l'unicité divine qui se manifestaient au Beit Hamikdach n'ont pas disparus et sont totalement présentes dans les synagogues. Nous devons savoir que dans cet exil si amer, D. est parmi nous, et nous aussi devons être avec Lui de manière totale, sans se tourner vers d'autres sphères. ''
Des poules endettées.
"Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit" (25,37)
Rabbi Moché Solovetchik de Zurich raconta un jour l'anecdote suivante : alors qu'il était jeune enfant, une poule entra dans la cour de la demeure familiale et pondit un œuf.
Comme cela se reproduit plusieurs fois, lui et son père suivirent une fois la poule pour savoir où se rendait-elle une fois sortie de la cour. Mais à leur grande surprise elle disparaissait très rapidement dans la nature.
Le père dit alors : "peut être quelqu'un me devait-t-il de l'argent, et est décédé subitement sans qu'il ait pu rembourser ses dettes. Il s'est ensuite réincarné sous cette forme pour me payer !" Il alla vérifier dans un carnet et constata qu'effectivement on lui devait de l'argent. Le lendemain lorsque la poule entra de nouveau dans la cour, il s'approcha d'elle et lui dit : "si jamais tu te nommes untel et que tu me dois tant et tant alors saches que je renonce au remboursement".
Depuis, elle cessa de revenir… (rapporté dans Véhahich Moché, page 199)
Rav Chmouel Olivier