Perles sur la parachat Beaalote'ha

Perles recueillies en survolant le Séder de Béhaalotekha

Liberté, égalité, fraternité.

"Pourquoi serions-nous diminués ?" s'exclament un groupe de Bné Israel n'ayant pu offrir le sacrifice pascal, étant en état d'impureté. Leur sera accordée la possibilité de l'offrir à Pessah' Chéni, session de rattrapage un mois après le Pessah' habituel. Beaucoup s'interrogent sur la particularité du Korban Pessah' qui fut l'objet d'une revendication puis d'une réponse appropriée. Voici l'une des explications proposée par le Rav de Dwinsk, dans son ouvrage Méchekh H'okhma : Ce sacrifice enracine dans le cœur des juifs l'idée que nous sommes égaux. Que chac-un parmi les Bné Israel est sous la tutelle directe de la Providence. En effet, contrairement aux autres sacrifices de types Chlamim, les parties de l'animal (poitrine et cuisses) habituellement données au Cohen sont ici consommées par les propriétaires. Aussi, l'idée d'une servitude d'homme à homme sera bannie de notre conscience. Nous sommes tous Bné H'orin, c’est-à-dire libre. En considérant que seule l'existence divine est "nécessaire" et que tout autre existence est "contingente", il n'y a à ce niveau aucune différence entre l'ange de service qui est dans les cieux et la plus petite créature maritime "insignifiante".

Manger avec les yeux

Les Bné Israel se plaignent. "Nous nous souvenons du poisson que nous mangions en Egypte."

Nous apprenons de là, nous dit le Midrach, la nécessité d'allumer les lumières de Chabbat.

Énigmatique, ce Midrach. Mais résolu ingénieusement par le H'ida : ce n'est pas d'une pénurie alimentaire dont souffrait les Bné Israel, ni d'une pénurie gustative. La Manne leur procurait tous les goûts souhaités. Ce qui manquait, c'est le plaisir que procure la vision de ce que l'on mange. Car les Sages nous enseignent que les yeux participent grandement à la sensation de satiété. D'où l'importance d'éclairer la salle à manger, pour le soir du Chabbat. Manger dans la pénombre serait compromettre le plaisir que doit procurer le repas chabatique. Nous comprenons alors le rapport entre la plainte des Bné Israel et les Nérots du Chabbat !

Matérialité spirituelle.

Moché s'exclame : "D'où aurais-je de la viande à donner à tout ce peuple ?"

Etonnante réaction car le peuple, lui, n'a jamais demandé à Moché de leur "fabriquer" de la viande. Il s'agit, tout au plus, de prier, d'implorer la grâce divine et servir d'intermédiaire !

Le Rav Chélomo Wolbe enseigne, à partir de cet épisode, un des fondements du judaïsme. Le H'essed (générosité, bonté) est le point central de toute activité qui se veut influente au niveau de toute la communauté. Or il doit se déployer sans distinction matériel/spirituel. Le véritable H'essed vient se soucier des besoins de l'autre sans y faire participer cette dialectique.

Ou, pour le formuler à la manière de Rav Israel Salenter, "les nécessités matérielles de ton prochain sont tes nécessités spirituelles." Moché ne se considère donc pas uniquement comme transmetteur de la Tora mais aussi comme le berger responsable de nourrir son troupeau, dans tous les sens du terme.

Humilité

"Moché était très humble, parmi tous les hommes qui habitent la surface de la terre" (12,3)

Un homme qui veut devenir réellement humble devra contempler la grandeur du Créateur, comme le suggèrent généralement les ouvrages de piété. Mais à Moché il suffisait de contempler la grandeur contenue en chaque homme pour en devenir humble. C'est ce qu'allusionne le texte lorsqu'il dit "de tous les hommes de la terre."

On raconte à propos d'un grand érudit du nom de Rabbi Itsh'ak Shireunter qu'il avait l'habitude suivante : lorsqu'il recevait une lettre comportant nombre de titres d'honneur accompagnants son nom (le grand rav, le génie, le tsadik, etc.) il lisait chaque expression honorifique en ajoutant "c'est vrai, c'est exact". Puis, lorsqu'apparaissait enfin son nom, il s'exclamait : "ah non, là il y a une erreur, ce n'est pas de Rabbi Itsh'ak Shireunter qu'il s'agit mais de Rabbi Itsh'ak de Volozin…" (Méora Chel Tora)

R. Chmouel Olivier.