Chaque année, à l’approche de Roch Hachana et de Yom Kippour, lorsque nous entamons notre processus de repentir, une question lancinante nous perturbe : ne serions-nous pas en train de nous livrer à un jeu dépourvu de toute signification parce que teinté d’hypocrisie ? En effet nos maîtres considèrent que l’une des conditions sine qua non pour qu’une Téchouva soit effective consiste en ce que nous nous engagions très sincèrement à ne plus réitérer les fautes commises l’année précédente. Or, malheureusement notre expérience démontre que bien souvent, alors que nous nous étions engagés à ne plus les réitérer, nous retombons à nouveau sur les mêmes fautes. C’est ce qui décourage nombre d’entre nous en nous donnant à penser que notre Téchouva, loin d’être authentique est peu ou prou entachée d’hypocrisie, et donc de peu de valeur.
En fait, le Mabit (cf. « Beth Elokim ») enseigne à ce propos que cette manière de voir les choses est erronée. Il indique que lorsqu’une personne fait Téchouva en s’engageant sincèrement à ne plus réitérer la faute commise, celle-ci lui est ipso facto pardonnée. Dès lors, même si elle commet à nouveau cette faute par la suite, sa Téchouva précédente n’est en aucune façon remise en cause de ce fait.
C’est dans ce sens que s’exprime le roi David lorsqu’il dit à D. (Ps.51 : 7-9) : « Mais en vérité, j’ai été enfanté dans l’iniquité, et c’est dans le péché que ma mère m’a conçu. […] Puisses-tu me purifier avec l’hysope, pour que je sois pur ! Puisses-tu me laver pour que je sois plus blanc que neige ! » En d’autres termes le roi David justifie la séquence faute-repentir-récidive de la faute en arguant du fait que c’est le Créateur lui-même qui a créé l’homme en le dotant d’une nature intrinsèquement portée à la faute. Cependant il poursuit à l’adresse de D. : Ce n’est pas pour autant que Tu fermes les portes du repentir devant celui qui s’engage sincèrement à ne plus fauter.
Cette idée revient de manière explicite dans chacune des cinq prières du jour de Yom Kippour lorsque nous disons à D. : « Je devrais Te dire que je ne réitérerai plus jamais ces fautes, mais je ne le peux, étant un être de chair et de sang aux prises avec mon Yetser Hara qui lui est de feu. Que ce soit l’effet de Ta volonté que je parvienne cependant à ne plus fauter etc. »
En somme, une authentique Téchouva ne consiste pas à nous tromper nous-mêmes en faisant semblant que dorénavant nous nous montrerons irréprochables. Elle consiste plutôt à regretter les fautes commises, tout en s’engageant à prendre les mesures nécessaires dans l’espoir de ne plus les réitérer, et d’effectivement faire tous les efforts possibles pour y parvenir, tout en sachant que l’homme est faible et qu’il nous est donc possible de chuter à nouveau.
Il apparaît donc que la Téchouva est accessible à tout un chacun et qu’il suffit à sa réalisation de lui consacrer du temps, de la réflexion, de la sincérité et de la bonne volonté.
Cessons donc d’interpréter négativement nos expériences antérieures de Téchouva : celles-ci, loin d’avoir été des échecs ainsi que nous pourrions le croire, ont été au contraire de francs succès !
Léchana Tova Tikatvou Vétihatmou !