CHALOM RAV j'aimerai savoir quel est le statut de la mitsva d'habiter en erets israel de nos jours;est ce une mitsva obligatoire comme chabat par exemple?si oui pourquoi tant de juifs habitent en houl?est ce une mitsva non obligatoire comme recevoir des invités ou rendre visite aux malades? merci pour vos éclaicissements kol touv
Chalom Ouvrakha!
Cette question a été traitée par mon ami le Rav Olivier Chlita de façon très circonstanciée à votre attention et en votre honneur.
Voici sa réponse:
"1)Précision et correction :
Rendre visite aux malades et recevoir des invités (lorsqu'on les aide réellement par cela) sont bien des obligations, simplement, le cadre de leur réalisation est à définir selon les nécessités et les conditions qui se présentent.
2)S'agit-il d'une Mitsva de la Torah, des Rabbins, ou pas de Mitsva?
Selon Ramban, il s'agirait d'une Mitsva extrêmement importante entrant dans le cadre de prendre possession du pays et qui incomberait à chacun. Mais certains ont suggérés que selon lui, il n y a mitsva d'habiter que lorsque l'on prend possession du pays, puisque prendre possession implique d'y habiter. Si l'on pense qu'aujourd'hui nous sommes en période de conquête, alors cela devient une Mitsva pour chacun d'y habiter !
Le Ribash semble penser qu'il s'agit d'une Mitsva positive tout comme Ramban, sauf que la conquête pour lui ne semble pas constituer la Mitsva mais son préambule nécessaire.
Maimonide n'a pas recensé la Mitsva dans son livre des Mitsvots. Cela ne veut pas dire qu'il ne considère pas cela comme une Mitsva de la Torah, bien que beaucoup de maitre ont interprété le Rambam ainsi. Peut-être considère- t-il au contraire que c'est une Mitsva tellement générale qu'elle ne doit pas figurer dans la liste des Mitsvots particulières, selon le principe qu'il s'est fixé dans son introduction. D'autres ont tout simplement compris que pour Maimonide, la Mitsva n'est plus d'application.
Selon d'autres compilateurs de mitsvots qui n'ont pas recensés cette Mitsva, il semblerait que cela soit une Mitsva derabanan. (Leur omission ne peut pas être justifiée comme pour le Rambam)
Selon d'autres maitres, comme Maharam de Rotenbourg et Troumat Hadeshen, il s'agirait d'un entreprise grandement louable mais pas d'une Mitsva au sens contraignant.
Selon Rabenou Hayim Hacohen et d'autres maitres, il n'y a plus de Mitsva aujourd'hui à cause de certains dangers ou parce que nous ne savons plus appliquer les lois du pays comme il le faudrait. Le Maharit a écrit que cette thèse n'est pas fiable et a été ajouté au Tossefot par un élève peu prudent, mais sa critique n'a pas été retenue.
3)Statut de la Misva:
Même s'il s'agit d'une mitsva, les maitres ont débattu quant à savoir s'il s'agit d'une obligation de monter en Israel comme par exemple la mitsva de mettre les téfilins (comme le Mabit) ou d'une Mitsva que l'on réalise si on y habite mais qui n'est pas obligatoire, comme porter un vêtement à 4 coins et y apposer des tsitsits (comme Rav Moché Feinstein). La plupart ont l'air d'opter pour la seconde proposition.
4) conclusion
A la question pourquoi tous ne montent pas en Israel la réponse formelle est soit qu'ils se reposent sur ceux qui pensent que ce n'est pas une Mitsva, soit sur ceux qui pensent que c'est une Mitsva des Rabbins, soit sur le fait que pour beaucoup il ne s'agit pas d'une obligation mais seulement d'une possibilité de réaliser une grande Mitsva.
Quoi qu'il en soit, il serait bon de préciser que:
a) Obligation ou pas, l'importance que la Torah et les Sages donnent au fait d'habiter Israel permet largement à ceux qui souhaitent s'y installer ou convaincre les autres de s'y installer de le faire sans trop se soucier s'il s'agit d'une Mitsva ou pas!!
b) Obligation ou pas, les comportements adoptés par les maitres anciens comme récents et par la multitude de juifs craignant D. permet largement à ceux qui ne s'y installent pas encore de justifier leur démarche. Les maitres d'Israel ne sont pas des idiots, et dans ce domaine comme dans d'autres, les faits consolident eux même la loi.
c) Au final, vu l'enjeu central de cette Mitsva, elle n'est pas à traiter comme une Mitsva parmi les Mitsvots, elle tient beaucoup à la vie personnelle de chacun, de ses engagements professionnels, familiaux et communautaires, de l'obédience, du Rav, et de la conviction personnelle de chacun quant à son rôle à jouer dans le peuple juif, et du sens historico-métaphysique qu'il entend discerner dans l'enchainement des évènements qui se déroule sous ses yeux".
Kol Touv.