Cher Rav,
est-il permis d'utiliser les résidus d'huile et de mèches d'un jour sur l'autre pour l'allumage des Nérot de H'anouka?
Et d'autre part, que convient-il de faire de ce qui reste d'huile et de mèches à l'issue du huitième jour de H'anouka?
Merci beaucoup et Chabbat Chalom!
Chalom Ouvrah'a!
Durant la fête, il est tout à fait permis d'utiliser les résidus d'huile et de mèches d'un jour sur l'autre et par exemple de garnir le troisième jour les godets avec ce qui reste d'huile et de mèche du deuxième jour. Plus encore, si les Nérot se sont éteints après la durée normative d'une demi-heure durant laquelle ils doivent rester allumés pour que l'on soit quitte de la Mitsva, il est même possible, en prenant la Halakha au pied de la lettre, de faire un usage profane de ce qui reste d'huile, par exemple en assaisonnant une salade.(Choulh'an Aroukh chap.672 § 2)
Concernant l'huile que vous récupérez dans les godets après que les Nérot du huitième jour se soient éteints, le problème qui se pose est le suivant: d'une part il est impossible de l'utiliser pour l'allumage du lendemain dès lors qu'il n'existe pas de neuvième jour de H'anouka, de même qu'il est interdit de l'utiliser, selon décisionnaires, pour allumer les Nérot de Chabat, puisque cette huile avait déjà été consacrée à l'allumage des Nérot de H'anouka. Mais d'autre part, en faire un usage profane est problématique.
En effet, de deux choses l'une: soit cette huile provient d'un Ner s'étant éteint avant que la durée d'une demi-heure se soit écoulée et elle est alors considérée comme consacrée et de ce fait interdite à tout usage profane; soit il s'agit d'une huile provenant d'un Ner s'étant éteint après être demeuré allumé durant une demi-heure, et dans ce cas, bien que l'on puisse en principe en faire un usage profane, on se l'interdira si l'on veut tenir compte de l'opinion des décisionnaires selon laquelle c'est toute la quantité d'huile que contient le godet qui est considérée comme consacrée et non pas uniquement celle nécessaire au Ner pour qu'il demeure allumé une demi-heure.
Ce que recommandent les décisionnaires (ib. chap. 677 § 4) dans un cas comme dans l'autre, c'est de faire brûler cette huile dans un feu au sein duquel l'on jettera aussi les mèches résiduelles. Il est à noter que le Ariza"l confère à ce brasier une grande importance au plan mystique et recommande de lire pendant qu'il brûle le Psaume 67, celui qui dans certains Sidourim apparaît écrit en forme de Ménora. S'il s'avère impossible de faire disparaître ce reste d'huile par le feu, les décisionnaires (Rav Eliachiv zatsa"l et Rav Nissim Karlits chlita) recommandent de s'efforcer tout au moins de le verser dans un fond d'évier ou dans tout autre endroit qui le rendra inutilisable.
Quant à l'huile restant dans la bouteille achetée en vue de l'allumage des Nérot, les décisionnaires stipulent qu'elle n'est pas considérée comme consacrée,elle n'a donc pas à être brulée, et peut donc être utilisée sans restriction aucune. Ils s'appuient pour ce faire sur le principe (en hébreu: azmana lav milta hi) voulant que le fait de réserver un objet à un usage précis ne prend effet qu'à partir de l'instant où cette réservation se traduit en acte.
C'est en vertu de ce principe qu'il est par exemple permis d'utiliser une pochette à Téphilin pour un tout autre usage, même profane, tant que l'on y a encore jamais mis de Téphilin, ou encore qu'il est permis de réciter le Chéma dans des WC n'ayant encore jamais été utilisés en tant que tels. Or, tel est le cas de l'huile résiduelle contenue dans la bouteille. S'il est vrai que la bouteille d'huile a été achetée en vue de l'allumage des Nérot, seule l'huile utilisée en acte à cette fin sera considérée comme consacrée.
Kol touv et Chabbat Chalom!